Ce premier jour post op :

Parce que pour moi, les réseaux sociaux ne sont pas qu’une fenêtre de voyeurisme mais surtout un formidable outil de libération de la parole et de l’information, j’ai la ferme intention de communiquer sans tabou sur mon opération. Sur ce qu’elle m’apporte bien sûr, ce qu’elle m’enlève et ce qu’elle me fait vivre avant tout.

À J1(J0 étant le jour de l’opération), je peux vous raconter déjà la douleur, les douleurs, parce qu’il y en a plusieurs, différentes, difficiles. Le lendemain, il faut enlever la sonde urinaire, donc se soulever pour caler un bassin sous les fesses. Cette étape est douloureuse mais rien comparée au premier lever qui intervient peu de temps après. La douleur ni descriptible, ni quantifiable. Je préfère de loin mon accouchement déclenché sans péridurale, pour vous donner une idée. D’ailleurs, les vertiges ont eu raison de moi tout de suite et on m’a rallongé. Mais une heure après, il fallait aller aux toilettes. J’étais préparée, j’ai pris mon temps et j’ai réussi à me lever sans catastrophe (aidée bien entendu). Sauf que lorsqu’il a fallut se relever des toilettes, j’ai tout juste pu me rhabiller et j’ai fait un malaise. L’aide-soignante faisait le lit et avait fermé la porte, elle n’entendait pas mes appels trop faibles, j’ai du taper la porte avec le peu de force qui me restaient, accrochée moitié à ma perf qui commençait à pencher et moitié à la poignée pour les personnes en fauteuil en face des toilettes.
La réalité de ce deuxième jour est difficile, bien plus que ce que j’avais essayé d’imaginer. Manger le midi s’est fait dans les larmes et la nausée de la douleur. Car être assise relève encore de l’inhumain pour l’instant. On a enlevé des inconnus de mes intestins, ma vessie et même un kyste près de l’ovaire gauche (non, il n’était pas connu celui-là !). On m’a aussi parlé de grosses inflammations enlevées sur les artères uterines je crois, il y avait le mot artère c’est sûr, mais j’avoue que la douleur me fait parfois capter un mot sur 10.
À la décharge de mon corps, je refuse la morphine car elle me rend malade donc je tente de survivre avec seulement spasfon, paracetamol et ketoprofene. Vomir me donnerait encore plus de douleurs alors je ne prendrai la morphine que lorsque la douleur elle-même me fera vomir (c’était pas loin ce midi).

Pourquoi ces détails ? Mais parce que personne ne les raconte ceux là ! Vous les avez déjà lu ? Non bien sûr. Qui veut se montrer sous son jour le plus faible ? Moi je n’ai pas peur, parce que je sais qu’elles sont passées par là aussi les autres, parce qu’il y a 2 jours j’étais morte de peur de ne pas savoir ce qui m’attendait. Parce qu’elles seront nombreuses à y passer à leur tour bientôt, et c’est important d’être préparée. Oui ça fait peur, je sais, mais on sait pourquoi on le fait. On le fait parce s’évanouir de douleurs le premier jour de règles devant nos enfants n’est plus possible, parce devoir se coucher à 17h à cause de la douleur fulgurante d’un ovaire qui s’est réveillé il y a 2 heures n’est plus possible, parce qu’avoir mal pendant des mois sans interruption, sans un seul jour de répit n’est plus une vie.

Alors oui, pour l’instant c’est très dur, c’est parfois invivable, par moment je l’avoue, je me demande pourquoi je l’ai fais, si ça vaut le coup, mais je sais surtout que je devais essayer, parce que je n’aurais pas pu continuer à subir chaque mois, chaque semaine, en sachant qu’une solution était peut-être là. Temporaire certes, mais quelques mois de souffrances atténuées seront si salutaires moralement. Et si ça ne change rien, au moins je saurais que j’ai essayé. L’endométriose est un combat acharné. Parfois on gagne une bataille, parfois on la perd, mais comme tout combat, on ne lâche pas, je ne baisse pas les bras, je me battrai pour moi, pour que mes enfants aient une maman qui n’écourtent plus certaines sorties, pour que nous soyons reconnues, pour que toutes celles qui souffrent osent lever le poing et se faire entendre, pour savoir que je ne suis pas folle.

Hier, on a enlevé des morceaux de moi qui n’auraient pas du être là, des morceaux que tant de médecins ont ignorés pendant tant d’années. Hier, on m’a opéré, pour de vrai et aujourd’hui, même si c’est peut-être la plus dure journée de ma vie, je peux dire haut et fort avec un compte rendu d’opération qui le prouve : je n’étais pas folle. Pendant 14 ans, je n’étais pas folle, c’était VOUS le problème, pas MOI ! 💪🎗️👊

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